Destination : l'émerveillement
- clemencecha
- Mar 14
- 2 min read
Je voulais prendre le soleil et surfer, j’ai débarqué sous la pluie et 4 mètres de vagues. Mais bon comme dit Brahim « si y’a pas la pluie y’a pas le business » alors je me réjouis que les carottes soient arrosées. La nature déjoue les plans que j'avais impatiamment élaborés et me rappelle que le contrôle n'est qu'une illusion. Je botte en touche quelques jours, déconcertée, avant de troquer la l'inaction forcée pour la solitude choisie et partir découvrir les montagnes marocaines, juste moi, ma voiture et ma playlist « titres likés ».

J’explore un Maroc en plein ramadan, presque vide, seule dans mes hôtels, seule sur les routes, seule dans la nature. Juste le ronronnement de mon moteur et les cris des oiseaux. Vers 14h quelques boulangeries ouvrent, on achète les pains et pâtisseries pour le soir. A 18:45, l’appel à la prière, les rues se vident. Parfois on m’invite à dîner pour rompre le jeûne, on me raconte des histoires de la France, des histoires d’immigration, des histoires de cœur. Ici les récits des ancêtres ont plus de valeur que toutes les encyclopédies du monde.
C’est un pays de contrastes et de beauté profonde. A trouver allongée sous un arganier en haut des montagnes, derrière un bâton de berger guidant des chèvres effrontées, dans un sourire voilé au bord de la route, un café où je suis la seule cliente, partout de la beauté.
Ici, une partie de moi rentre à la maison. Dans chaque fibre de ma peau jusqu’aux pointes de mes cheveux - un retour à mes racines. « Tu es ici chez toi » - et pour cause, mes ancêtres ont foulé ces terres d’un pas décidé, guidés par leur esprit nomade.
« Je suis pas arabe, je suis berbère » me dit on fièrement. Amazigh pour être exact, parce que berbère sonne comme barbare et loin d’eux l’amour de la violence. Ber, qui voyage avec ses pieds, en harmonie avec la nature. Qui vit aux même rythme que les éléments, non pas par contrainte, mais parce qu'il sait que renoncer à l'illusion du contrôle c'est le début du bonheur.
À mesure que je sillonne les routes c’est comme si je sillonnais mon cœur - impossible de savoir quel souvenir va surgir au détour d’un virage, quelle idée naîtra après ce ravin, mais tout fonctionne avec le même carburant : l’émerveillement. Cette capacité à voir du beau même à travers la douleur, à trouver un éclat de lumière derrière une marée de nuage, à renouer avec l'espoir au milieu des doutes. Quand le coeur s'ouvre timidement et l'esprit suit : l'émerveillement pour tout ce qui nous entoure.
Je pensais l’avoir perdu.
Je pensais ne plus pouvoir le vivre.
Mon appareil photo à la main,
admirant les vallées désertiques devant moi,
il est revenu.
Et comme on retrouve un vieil ami,
je l’ai serré fort contre mon cœur.
Choukrane.

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